En poursuivant à la Bibliothèque de St-Omer la lecture des registres de la correspondance municipale, j'ai trouvé la copie d'une lettre du maire de St-Omer au ministre de la justice en date du 30 pluviôse de l'an 13 :
La lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser le 24 de ce mois me force à recourir de nouveau à votre justice pour dissiper les fausses inculpations que l'on a dirigées à ma charge.
Qu'il me soit permis de mettre sous les yeux de votre excellence la conduite que j'ai tenue à l'occasion du Mariage de M/ LEVAILLANT.
Mr LEVAILLANT m'a présenté à la vérité le consentement de son père et copie de votre lettre à lui adressée portant que, dans le cas du dissentiment entre les père et mère, le consentement du père suffisait.
Plein de respect pour votre décision, je n'aura pas manqué de procéder à la célébration de son mariage, s'il ne m'avait pas observé que madame sa mère était divorcée et qu'en conséquence son consentement était inutile, puisqu'elle avait convolée à de secondes noces.
Religieux observateur des lois et ne trouvant dans le Code Civil aucun article qui peut s'appliquer à cet imprévu dans lequel se trouvait M.LEVAILLANT, je lui dis que pour éviter tout compromis et pour mettre ma responsabilité à l'abri de tout reproche, je désirais prendre l'avis d'un jurisconsulte.
L'avis du jurisconsulte était qu'il fallait le consentement de la mère ; pour lever toute difficulté, je lui proposai d'en référer à Votre Excellence. Il y consentit, ce qui a motivé ma lettre du 1er thermidor an 12.
Il convient qu'il différerait son mariage jusqu'à votre décision, et pour lui prouver ma franchise et ma bonne foi, je lui donnai copie de ma correspondance.
Il en fut satisfait et me dit qu'il allait écrire par le même courier, pour hâter une prompte décision,
Mais quelle fut ma surprise, lorsque le lendemain 2 thermidor, Mr LEVAILLANT accompagné d'un huissier et deux témoins me fit sommation d'indiquer le jour et l'heure auxquels il pourrait se rendre au bureau des actes Civils pour rédiger l'acte de mariage. Je me contentai de lui rappeler la promesse qu'il avait faite la veille d'attendre votre décision.
IL se retira et ne reparut plus : ma surprise devint bien plus grande lorsque j'appris qu'il avait quitté cette ville pour se rendre à Calais, où sans égard à la parole qu'il m'avait donnée, il contracta mariage.
Je lui avais cependant promis qu'aussitôt votre décision reçue, je procéderai à la célébration de son mariage. Il me dispensa de faire cette démarche auprès de lui, car il était marié avant l'arrivée de votre lettre du 18 thermidor an 12 que j'ai reçue le 21, ce qui est prouvé par l'acte civil passé à Calais le 20 thermidor, même année.
Je devais cette explication franche et loyale à Votre Excellence. Le poste honorable qui m'est confié m'impose le devoir rigoureux de dissiper tous les nuages qui peuvent porter atteinte à une fonction et altérer la confiance si nécessaire pour bien administrer.
J'ose espérer que vous daignerez accueillir favorablement ma justification.
Ci-dessous le lien à l'acte de mariage retrouvé sur le site en ligne des Archives Départementales du Pas-de-Calais
http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/34b2563a6ff761d1
François Antoine Emmanuel LEVAILLANT, natif de Lunéville et capitaine attaché à l'état-major général du ministre de la Guerre, voulait se marier à la fille d'un négociant de St-Omer. Il était alors âgé de 29 ans. Une recherche sur Internet m'a permis de découvrir une très intéressante page sur son père, qui avait été explorateur et qui a publié quelques ouvrages 'Voyage dans l'intérieur de l'Afrique', 'Histoire naturelle des perroquets',…
http://www.scricciolo.com/Nuovo_Neornithes/Levaillant.htm
Dans l'acte de mariage de mes grands-parents paternels, il est mentionné que mon grand-père avait 'déclaré à serment, conformément à la loi du 21/06/1907, qu'il se trouve dans l'impossibilité de produire l'acte mortuaire ou la preuve de l'absence de sa mère faute de connaître le lieu de son décès et celui de son dernier domicile' (ses parents étaient divorcés…). Les lois avaient évolué.