Bernard CHOVAUX

Les OGIER

Il y avait deux semaines, j’avais découvert qu’il y aurait dans mon ascendance un Jacques OGIER. Or, les OGIER sont une des familles étudiées par un généalogiste de la fin du 19ème siècle, Fernand VIOLETTE DE NOIRCARMES. J’ai donc consulté la liasse OGIER du fonds Noircarmes conservé à la Bibliothèque de Saint-Omer. Ce fonds est principalement constitué de notes écrites sur différents supports, dont des prospectus publicitaires et même des tracts électoraux. Les notes ne concernaient que la famille de Simon OGIER, un poète de la fin du 16ème.  Ci-dessous quelques vers de ce poète trouvés sur Internet :

Partout du sang, partout de la terreur, les alarmes,
Partout la mort étend au loin son crêpe noir !
Saint-Omer se lamente, Aire verse des larmes,
Lillers se livre au désespoir:
Des rives de la Lys à celles de l’Authie,
De Pernes, Lens, et Bapaume...
Partout s’élève un cri de mort !

http://saintomer.pagesperso-orange.fr/personnages/ogier.htm

Sur Jacques OGIER, dont la fille Marguerite était mariée à Jean MELIOT, il n’y avait rien. J’ai toutefois trouvé, dans les archives Noircarmes, le relevé d’une rente du Gros de Saint-Omer du 05/07/1581 (acte n° 80). Dans cet acte,  Jacques MELIOT, bourgeois,  et Marie OGIER, sa femme, demeurant en cette ville de Saint-Omer, reçoivent  150 livres d’Allardt OGIER, aussi bourgeois et marchand. La rente est garantie sur un manoir situé à Zutkerke, pays de Bredenarde, et dont la superficie est de 5,5  mesures ou environ. Rien ne permet d’établir qu’il y ait un lien parental entre les deux OGIER, le second étant lié à Simon OGIER. Et, d’autre part, il y au moins une génération d’écart entre ce couple  et celui de mon ascendance Jean MELIOT x Marguerite OGIER.

J’ai voulu consulter l’original de cette rente ; mais la pièce avait disparu de la liasse du Gros... Il reste toutefois plusieurs actes relatifs à Jacques MELIOT dans le Gros, en particulier la transaction du 14/3/1613 (acte n° 17). Ce Jacques était à son trépas l’hôte de la Toison d’Or.

Terriers d'Ecques - les PICOTIN

Sur Pihem, j’avais pu établir une correspondance entre les parcelles de deux terriers, ceux de 1628 et celui de 1709. Pour Ecques, cela me semble plus difficile : beaucoup de parcelles sont divisées suite à des partages ou regroupées suite à des ventes ou des échanges. L’étude de la transmission de certaines parcelles est par contre possible. Je me suis donc lancé donc dans cette étude pour les différentes familles d’Ecques et des environs, ce qui ne concerne qu’une partie de la seigneurie, la plus grande partie étant possédée par des bourgeois de Saint-Omer ou les chanoines et leurs alliés.

Les premières familles que j’ai regardées, sont les FOREST et les PICOTIN.

Ci-dessous une note de travail en vue de la rédaction d’un ouvrage sur les familles d’Ecques et des environs.

Les PICOTIN

En 1600, trois parcelles de même superficie, 1 quartier 3 verges, sont détenues par Franchois ROBBE, Masse ROBBE et Jan DE WANDONNE, mari de Marie ROBBE. Les ROBBE étaient les enfants de Jean et de Chrestienne PICOTIN (Gros - Accord 1606-1). En 1590, Jehan PICOTIN détenait une parcelle de 3 quartiers 9 verges. Cette parcelle a donc été subdivisée en 3. D’où l’hypothèse que Chrestienne est  fille de ce Jehan PICOTIN. D’après l’étude sur Charles FOREST, Chrestienne serait fille de Jehan et de Mariette BULTEL..

D’autre part, en 1600, Jehan PICOTIN, parmentier, demeurant à Inghem, détient une parcelle de 2 quartiers 4 verges venant de Jenne TIEULLIER. Cette parcelle est toujours détenue en 1615 par Jehan PICOTIN, parmentier, avec un modo ‘Robert WATREL’.

Ce Robert WATREL, meunier, demeurant à Inghem, était marié à Barbe PICOTIN. En 1615 (Gros – Rente 1615-326), il crée une rente avec Pierre COPPIN, aussi meunier, demeurant à Pihem, et Maurice CLEUWET, laboureur. Ces deux derniers étaient mariés respectivement à Anthoinette et Gabrielle PICOTIN. D’où l’hypothèse que les trois PICOTIN étaient sœurs. Un acte du Gros (reconnaissance 1658-110) permet de savoir que Barbe était fille de Jean et de Jacqueline BAUCHAN.

Dans le cueilloir de 1564, il est aussi précisé que Jenne TIEULLIER est  veuve de Collart PICOTIN. Elle détient deux quartiers 4verges de genestoy. Par contre, dans le cueilloir de 1545, Jenne TIEULLIER est dite veuve de Jehan PICOTIN. Ce cueilloir comporte aussi deux autres rapports  pour les hoirs Collart PICOTIN et Jehan PICOTIN le Jeune.  Le terrier de 1520 comporte deux rapports, l’un pour Collart PICOTIN et Jehan PICOTIN, le Josne. Le premier déclare  deux parcelles dont une vient de sa femme, fille d’Agnieulx LE TIEULLIER, le second   une parcelle de genestoy de 3 quartiers 9 verges Dans les deux rapports, il est un renvoi à un troisième  rapport de Jehan PICOTIN l’Aîné qui se trouve aussi dans ce terrier. Un quatrième rapport concerne Collin PICOTIN, fils Jehan. Ce dernier rapport concerne le même article que le rapport de Collart.

D’où l’hypothèse que Jehan le Jeune et Collart sont héritiers de Jehan l’Aîné. Une difficulté est l’intervalle de temps entre les rapports de 1520 et 1590 dans lesquels figurent un Jehan PICOTIN et une Jenne LE TIEULLIER. . Il se pourrait que les cueilloirs n’eussent pas été mis à jour et qu’il y ait une génération entre Jehan Le Josne de 1520 et celui de 1590 ou Collart et le Jan PICOTIN, parmentier. Pour compliquer un peu, dans le cueilloir de 1568,  le rapport de Jehan PICOTIN porte sur deux parcelles et dans l'une d'entre elles figure un 'par avant Collart PICOTIN'. 

Un cueilloir d’Inghem, datant de 1595 et conservé aux Archives Départementales du Pas-de-Calais, apporte un élément de plus : il mentionne, un Jehan PICOTIN, couturier, fils de Jan, lui-même, fils de Robert.

Il y aurait donc deux générations entre Collart et Jan, parmentier. Et Chrestienne serait la nièce de Jan, parmentier.

A noter aussi l’acte de vente du Gros du 02/04/1617 (n° 137)  par lequel Pierre COPIN, Anthoinette PICOTIN, sa femme, Jehan TARTARE et Marie PICOTIN, demeurant tous à Pihem, vendent une parcelle qui en 1615 appartenait à Jehan PICOTIN, parmentier, et limitrophe d’une parcelle à Robert WATREL, ce qui conforte l’hypothèse relative aux héritiers de Jan PICOTIN, parmentier, figurant ci-dessus.


En résumé

1. Jehan l’Ainé
1.1. Collart x Jenne LE TIEULLIER
1.1.1. Robert
1.1.1.1 Jehan x Mariette BULTEL
1.1.1.1.1. Bastienne x Michiel LAY xx Marand DE NOEUFVILLE
1.1.1.1.2. Chrestienne x Jean ROBBE
1.1.1.1.3. Gabrielle x Charles FOREST
1.1.1.4.  Jehan, parmentier x Jacqueline BAUCHAN
1.1.1.4.1. Anthoinette x Pierre COPPIN, meunier
1.1.1.4.2. Barbe x Robert WATREL, meunier
1.1.1.4.3. Gabrielle x Maurice CLEUWET
1.1.1.4.4.  Marie x Jehan TARTARE


Autres données

Terrier de 1466 : Robert et Jehan PICOTIN (lien non établi avec Jehan l’Ainé).


Centièmes de 1569 : 5 PICOTIN

Cléty : Jacques et Jehan
Dohem : Jehan
Herbelles : Jehan
Inghem : Jehan et Jenne LE THIEULLIER

Ce travail est basé sur la comparaison de différents cueilloirs ou terriers (1520 - 1535 - 1545- 1552 - 1564 - 1588 - 1590 - 1600 - 1615). Des éléments sont aussi fournis par le Gros des notaires de Saint-Omer (relevés d’Yves LEMAIRE et de Philippe DERIEUX ou relevés personnels).

J’ai été amené à reprendre les hypothèses que j’avais établies au fur et à mesure de la lecture des terriers. Certains liens ne sont pas évidents et une ou deux générations ont pu être escamotées. La lecture de nouveaux registres du 2G ou actes du Gros de Saint-Omer peut m’amener à faire évoluer ces hypothèses.

Les Escottiers

La semaine dernière, à la Bibliothèque de St-Omer, j’ai commencé à consulter les comptes des Escottiers de St-Omer, archivés dans la série 2G. Dans les cueilloirs ou terriers sur lesquels, j’avais jusqu’à présent travaillé, il était indiqué qu’une parcelle était voisine d’une propriété des Escottiers de St-Omer (*), voire de la Seigneurie de l’Escotterie.

Dans le premier registre consulté, établi pour l’année 1595, il y avait plusieurs sections. L’une d’entre elle concernait Pihem, une autre Ecques. Il y avait aussi des sections relatives à des possessions en Flandre, dont Rubrouck. Et, dans les articles de Rubrouck, l’un des patronymes rencontrés étaient BUTTERDROGHER. Or, l’un de mes ancêtres, Guillaume BUTTERDROGHER avait donné naissance à un enfant en 1642 à Arnèke en 1642 (BMS en ligne des AD59). Arnèke et Rubrouck sont limitrophes. Peut-être vais-je trouver de nouvelles données sur mes branches flamandes, en particulier les DEVYNCK (Jean DEVYNCK, mon Sosa 656, est originaire de Rubrouck) ?

Dans un premier temps, j’ai trouvé dans un acte relatif à Pierre MELIOT la mention suivante ‘par avant Jean WILLERON 'par avant Jean WILLERON, à cause de sa femme, mère du dit MELIOT'. Or Jean WILLERON était marié à Marguerite OGIER. Sur d’autres comptes, j’avais constaté l’existence d’un lien entre les OGIER et les OGIER, mais, je ne savais quel était ce lien.

Les articles du compte des Escottiers n’étaient pas mentionnés dans le cueilloir d’Ecques de 1590, dont je termine actuellement le relevé. Pour travailler à la cartographie d’Ecques, j’ai, pour chacun des articles du cueilloir, noté le quief (**), le lieu et la superficie. J’ai pu établir une correspondance entre la liste des quiefs de ce cueilloir et celle que j’avais dans ma base de données. Mais, alors que je m’attendais à trouver la même superficie pour les différents quiefs, il y avait des écarts importants que les erreurs de saisie ne pouvaient justifier.

J’ai alors recherché dans le cueilloir d’Ecques les articles de Bauduin DU CASTEL, fils de Franchois, un autre de mes ancêtres. Et, ces articles n’apparaissaient pas dans le cueilloir de 1590. Il me reste à comprendre pourquoi. Les tenanciers étaient soumis à de multiples rentes et pouvaient dépendre de différentes seigneuries ou fiefs.

Le travail sur Ecques me permet de mieux connaître les racines que j’ai sur Ecques. J’ai ainsi pu conforter certaines de mes hypothèses et aussi remettre en question d’autres. Il y a toutefois le problème suivant : certaines données de ma base généalogique sont recopiées sans que je sois consulté. Il y a pourtant un avertissement sur mes pages Geneanet. De temps en temps, il y a un renvoi sur mon site (j’ai même vu des renvois pour certaines de mes données sur d’autres sites...).

Sur le forum GenNPDC, à propos de la publication d'un arbre, j’ai trouvé une remarque intéressante d’un éminent généalogiste : ‘Ce qui serait vraiment bien : mettre les références des documents amenant à remonter aussi loin dans le temps...’. Il n'ya pas eu de réponse. Le fil de ce forum concernait les DELOHEN. J’ai aussi des DELOHEN dans ma généalogie. J’ai donc regardé. Ce qui m’a un peu gêné, c’est de ne pouvoir établir la relation entre le Nicolas DELOHEN né à Ecques en 1697 et celui qui a donné naissance à Jeanne Françoise en 1743 à Wizernes. Il y a, en effet, plusieurs Nicolas DELOHEN...

Si Internet est un puissant outil, il présente aussi des inconvénients. Les copistes d’Internet vérifient rarement les données. Et, les erreurs se multiplient. Un exemple est l’ascendance d’Anseline CARON, la femme de Marand DELEPOUVE de Dohem. Sur certains sites, elle est présentée comme la fille de Jean CARON et de Bauduine ALEXANDRE. Or, différents actes du Gros font apparaître qu’elle est fille de Noël (***).

* Un lien existe entre les Escottiers et le Chapitre de Saint-Omer. Lequel? Je n'ai pas encore trouvé...

** le quief était une circonscription fiscale portant en général le nom de celui qui était chargé de la collecte de la rente foncière. A la fin du 15ème siècle, le nom du quief s’est figé.

*** Il y a un contrat de mariage du 7/7/1584 entre Baudin ALLEXANDRE, et Jeanne CARON, fille de Noël (cf. relevé de Philippe DERIEUX) C’est peut-être  l’origine de l’erreur qui apparaît dans un arbre généalogique des premiers numéros du journal Généalogie 60 de l’Association Généalogique du Pas-de-Calais.

Jean OBERT, laboureur à Ecques

Le travail sur Ecques se poursuit. Avec les terriers et cueilloirs, il est possible d’étudier une famille sur deux ou trois siècles. Et, j’ai pu retrouver de nouveaux ancêtres (voir sur mon site Geneanet).

Mais, il n’y a pas que les cueilloirs ou registres de comptes.  Il y a de nombreuses liasses sur Ecques qui permettent de découvrir quelles étaient les relations entre les habitants et leurs seigneurs, les chanoines du chapitre de Saint-Omer, ou leurs représentants. Hier, j’ai  ainsi trouvé une liasse relative à un conflit entre des manants et les échevins. Parmi ces manants, il y avait l’un de mes ancêtres, Jean OBERT, qui avait proféré des injures et menaces envers les échevins. Le contentieux était relatif au logement des soldats chez l’habitant. Cette pièce de 1589 me donnait l’âge de Jean, 33 ans, et le lieu de naissance, Esquerdes (les cueilloirs ne faisait pas apparaître d’autres OBERT, à Ecques avant son mariage avec Mariette ALEXANDRE).

L’intérêt de la généalogie est qu’il est toujours possible de trouver de nouvelles données.