Bernard CHOVAUX

Un sujet toujours d'actualité

Cette semaine, dans le Gros des Notaires de Saint-Omer, j'ai trouvé  un acte concernant la qualité de la viande mise en vente.  Ci-dessous une transcription de l'acte:

 

Procès-Verbal du 24/9/1771 (n°93)

Aujourd’hui 24 septembre 1771 cinq heures de l’après-midy, en la présence et compagnie des notaires royaux d’Artois résidens à St-Omer soussignés, Nicolas Denis SPENEUX, bourgeois maitre boucher demeurant en cette ville, s’est transporté dans les boucheries de cette dite ville, à effet de faire constater si la viande d’une vache qu’il a tuée dimanche dernier, et qui se trouve dépiécée à son état dans les dites boucheries numéro vingt-six, est d’une qualité propre à  entrer dans le corps humain, ou si au contraire cette viande est déffectueuse et en la corporant  elle peut nuire, pourquoi il a fait évocquer  à ces lieu et heure Théodore LOQUETY, Jacques Hubert VANDALLE, Robert Joseph CORBEAU et Antoine Dominique VALLE quatre maîtres bouchers suivant  le décret du sergent à verges MARTIN ce jourd’hui quatre heures de l’après midy ; les ayant sommés par cet acte de nommer des experts pour conjointement avec Théodore WIDEHEM, Denis Joseph DELATTRE, experts nommés par le dit SPENEUX, iceux experts maîtres bouchers de cette dite ville, procéder à la visite de dix-huit pièces de viande provenant de la dite vache, et qui  sont déposant au dit étal, voir en conséquence si la dite viande est d’une qualité propre à être vendu et à entrer dans au corps humain, détailler leurs raisons de sciences, comment et pourquoy cette viande pourroit être bonne ou mauvaise et a le dit SPENEUX, signé

Signature de Nicolas SPENEUX

Est comparu le dit Antoine Dominique VALLE, l’un des  egards sur les viandes  des dittes boucheries de cette ville, lequel a déclaré que hier faisant la visite des dittes dix-huit pièces de viande provenant de la dite vache, conjointement avec le dit Théodore LOQUETY, Jacques Hubert VANDALLE, Robert Joseph CORBEAUX, il a trouvé que la dite viande n’étoit pas d’une qualité supérieure, que cependant elle pouvoit être mangée et entrer  dans le corps humain sans aucun risaue de nuire ; c’est cequ’il a reconnu sur le champ après une nouvelle visite par lui faite des dites viandes et a signé

Signature d’Ant. Dom. VALLE (plus paraphe)

Sont aussi comparus les dits Théodore WIDEHEM, Denis Joseph DELATTRE, maîtres bouchers et anciens egards sur les viandes et experts nommés en cette partie par le dit SPENEUX lesquels après visite par eux faite les dites dix-huit pièces de viandes avoir bien le tout murement vus et examinés , notamment deux os  à moëlle, un de derrière et l’autre de devant, de la dite vache, lesquels os ont été coupés et la moëlle ôtée dehors, ont déclarés et reconnus suivant  leur connaissance que cette viande peut entrer dans le corps humain, sans aucun danger, que toutes fois sa qualité est médiocre, pourquoy ils estiment comme il a toujours été d’usage jusqu’à présent que cette viande doit être salée, pour ensuite par le dit SPENEUX pouvoir la débiter et vendre comme il trouvera convenir , laquelle déclaration les dits WIDEHEN et DELATTRE ont affirmé ... le véritable par le serment qu’ils ont presté es mains des dits notaires. Et sur le champ d’après leur réquisition  et celle du dit Antoine Dominique VALLE comme ainsi en consentement du dit SPENEUX, la moëlle tirée des os de la dite vache a été mise dans une petite assiette de fayance et transportée chez BOURET l’un des notaires soussignés, pour y rester jusqu’à ce qu’autrement il en soit réglé, les dits Théodore WIDEHEM et Denis Joseph DELATTRE interpellés de signer ces présentes ont dit que cela étoit inutil et que d’ailleurs ils ne veuillent pas s’exposer à avoir des querelles avec leurs confrères, que néanmoins ils offrent et offriront   dans tous les ... de réitérer la présente déclarartion ; et a le dit Antoine
Dominique VALLE signé.

Signature d’Ant. Dom. VALLE (plus paraphe)

Ainsi fait au dit St-Omer dans les dites Boucheries six heures du soir sans que les dits Jacques Hubert VANDALLE  Théodore LOQUETY, et  Robert Joseph CORBEAU soient comparus ni personne pour eux, les jour mois et an susdits, et a le dit Nicolas SPENEUX signé avec les dits notaires

Signature de Nicolas SPENEUX
Notaires : MARCHAND & BOURET

Le pain des Pauvres de Dohem

Ces derniers jours, j’ai surtout travaillé sur la branche picarde de ma généalogie. Deux jours passés aux Archives Départementales de la Somme m’ont permis de trouver quelques éléments. J’ai pu compléter mon arbre par les nouveaux ancêtres identifiés et de nouvelles hypothèses. J’ai aussi du procéder à une correction.

Je suis aussi allé à la bibliothèque de Saint-Omer poursuivre ma relecture des actes du Gros. Comme j’ai commencé par les actes les plus récents, il est peu probable que dans les années qu’actuellement je parcours, je découvre de nouveaux ancêtres.  Cette relecture me permet toutefois de trouver des actes sur les successions de certains de mes ancêtres (inventaires, partages, successions, liquidations,...) et sur leurs paroisses dans lesquelles ils ont vécu.  Dans le Gros des Notaires, il y a quelques actes établis par les notaires lors d’assemblées réunissant les habitants de la paroisse en vue de prendre une importante décision comme les aménagements à apporter à l’église (je viens de voir plusieurs actes concernant la construction d’une tour à l’église d’Arques). Cette semaine, un acte a attiré mon attention, il s’agit d’une décision prise par l’assemblée de Dohem pour la distribution de pains aux pauvres de la paroisse. La résolution est unanime, mais un certain nombre refusent de la signer. Ci-dessous le lien à une transcription de cet acte :

http://bchovaux.fr/data/Dohem/Pauvres-Dohem.pdf

Le doute

Ci-dessous  l’extrait d’un acte issu des archives déposées par les notaires d’Aire aux Archives Départementales du Pas-de-Calais (4E9/37)

Ce jourd’hui, 2 avril 1751, par devant les notaires royaux d’Artois soussignés, sont comparus

• Julien Joseph LE CIGNE, à marier majeur demt au village de Rely , d’une part
• François Florent DETRU, laboureur, demt au dit lieu, en sa qualité de tuteur établie par justice aux personnes et biens des enfants mineurs délaissé par Jean LE CIGNE et Marie Anne DETRU, vivans demts à Estré La Blanche, de deuxième part,
• Jean Charles CANNE, laboureur, demt au dit Estré Blanche, mary et bail de Marie Antoinette LE CIGNE, de troisième part,
• Philippe Louis GOUILLARD, laboureur, demt à Wermelle, tuteur des enfants mineurs qu’il a retenue de sa conjonction avec Marie Eugénie LE CIGNE, de quattrième part, et
• Alexis Joseph CARON, laboureur, demt au dit Estré Blanche, mary et bail de Marie Catherine  Joseph LE CIGNE de cinquième part

Les dits du surnom LE CIGNE, frères sœurs neveux nièces et héritiers de François Eugène LE CIGNE vivant jeune homme à marier demt au dit Wermelle.
Ils recognurent les parties des dits noms es qualités d’avoir fait partages et division des biens immeubles cy après...

En relisant l’acte chez moi, j’ai sursauté : aurais-je fait une erreur dans ma généalogie ?  La filiation de Marie Antoinette LE CIGNE que j’avais établie tout au début de mes recherches était-elle erronée ?

En effet, lors du partage, les frères et sœurs ont une part et si l’un est décédé, la part  du défunt est répartie entre ses enfants (Coutumes de l’Artois).

Les BMS du Pas-de-Calais n’étant pas encore en ligne, je ne pouvais vérifier.  Je disposais heureusement de quelques photocopies  d’actes  des registres d’Estrée-Blanche que m’avait envoyées un cousin. Il y avait parmi ces actes ceux de Marie Antoinette,  Marie Eugénie et de Marie Catherine. Et, sur ces actes, elles sont dites filles de Jean et de Marie Anne DHESTRU. Je n’avais pas à retourner à Arras  consulter à nouveau le microfilm d’Estrée-Blanche.

Une source qui parait sûre – une minute d’acte notarié – peut donc induire en erreur.  Dans le cas présent, il se pourrait que le notaire, ou son scribe, ait sauté une ligne ou deux lors de la copie de l’acte.  Parmi les enfants de Jean LECIGNE et de Marie Anne DHESTRU, il y avait Jean-Baptiste décédé en 1743 et apparemment dans postérité.  Un autre LECIGNE, Toussaint, apparaît dans les registres BMS d’Estrée-Blanche : il s’agirait peut-être du père des enfants mineurs dont François Florent DHESTRU est le tuteur. Le plus ancien des registres BMS d’Estrée-Blanche commençant en 1713 et les suivant comportent des lacunes (1736, 1738, 1739,...), ce ne peut être qu’une hypothèse, à moins de trouver des actes dans les BMS ou archives notariales apportant des précisions complémentaires.

Successions...

Vendredi dernier, à la Bibliothèque de Saint-Omer, en parcourant des liasses du Gros, j’ai pu retrouver différents documents relatifs à des successions de plusieurs de mes ancêtres ou à des donations, dont une de Marie PARENTI. Cette donation qui concernait l’ensemble des biens dont sa maison, située rue du Hamelet, devrait me permettre de localiser son emplacement, lors d’un prochain déplacement à Merck-St-Liévin. Et, en revenant de la Bibliothèque,  j’ai constaté qu’une personne avait essayé de me joindre. J’ai rappelé. Il s’agissait d’un généalogiste qui avait trouvé aux Archives de Bergues dans les états de biens de Quaëdypre un document qui pouvait m’intéresser. Effectivement...

Ce document concernait la succession de Noel BERTOUL et maintenant accessible à partir de ma base Geneanet.  Je ne m’attendais pas à le retrouver à Quaëdypre.  Son fils, Philippe, dont je descends, était laboureur à Merck-Saint-Liévin. Plusieurs actes du Gros de Saint-Omer donnent quelques informations sur la famille de Philippe, en particulier un partage de 1610 (relevé de Philippe DERIEUX publié au GGRN et celui de l’année 1610 du Gros que j’ai réalisé). Dans ce partage, qui concernait la succession de Philippe PEPIN,  Sr de Piquendal,  comparaissaient Mathieu BERTOU, demeurant à Parenty, ‘pays de Boullennoy’,  son frère Philippe, jeune fils à marier demeurant au Viel Berquin, ‘pays de Flandres’ et leur sœur Marguerite, épouse de François STIENNE. J’ai ensuite trouvé dans un relevé au Comité d’Histoire du Haut-Pays le contrat de mariage  de leurs parents, Noël BERTOU et Jehenne PEPPIN, fille de Jehenne DOLHAIN. Ce contrat se trouvait dans les insinuations du Boulonnais. Aux Archives Départementales du PdC, je n’avais pu accéder qu’à un microfilm illisible (encre trop pâle). J’ai toutefois pu consulter un autre relevé. Parmi les biens transmis à Noël par son oncle Mahieu BERTOUL, il y avait 70 mesures à Pernes. Et, dans l’acte de Quaëdypre (en langue flamande), Noël BERTOU est présenté comme sieur de Pernes (ce Pernes est dans le Boulonnais et ne doit pas être confondu avec Pernes en Artois).

A l’époque, à la différence du Boulonnais, l’Artois et les Flandres ne faisaient pas partie du royaume de France. Et les différents lieux cités ci-dessus, Mercq-St-Liévin, Quaëdypre, Viel-Berquin, Parenty et Pernes-lez-Boulogne, sont plus ou moins distants. Jusqu’à présent j’avais surtout cherché des données sur les PEPPIN et les DOLHAIN. Il me faut maintenant regarder les archives du Boulonnais pour trouver des informations sur Pernes et les BERTOU.
 

A noter aussi que, suite à un échange avec un autre généalogiste et après une nouvelle recherche dans les relevés du Gros des notaires de St-Omer par Philippe DERIEUX,  j’ai pu établir que deux de mes ancêtres, Pierre et Jehenne MARTEL, étaient frère et sœur (voir mon arbre sur Geneanet – base chvx).